Juliette Boudre – Overdose sur ordonnance
Double Monde Création. Tu peux pas faire autrement que d'être très vigilante et garder un dialogue très important avec eux. Parce que parfois simplement le fait de leur en parler, alors je dis pas que c'est miraculeux, la preuve, moi j'ai pas trouvé le chemin, mais ça libère quand même une grosse partie de leur angoisse parce qu'ils sont seuls finalement, face à une addiction ou une autre, ou même juste un plaisir qu'ils y trouvent. Ça minimise un tout petit peu, voilà. Mais bon, c'est pas miraculeux. Je m'appelle Keren, Rose pour les non-intimes. Vous avez peut-être déjà entendu ma voix dans des chansons comme "La Liste" ou mes mots dans des livres comme "Kérosène".
Mais avant même de savoir chanter ou écrire, j'étais dépendante, comme beaucoup d'entre vous. J'ai voulu comprendre comment fonctionnait le cercle vicieux de la dépendance et pourquoi c'était si difficile d'en sortir. L'addiction a ses contradictions que la volonté ignore. Alors, quelles sont les solutions ? Au travers de discussions décomplexées avec des invités addicts, ex-addicts, thérapeutes, artistes, auteurs, je vous propose de plonger ensemble au cœur de nos modes de fonctionnement. Bienvenue dans Contre-addictions, le podcast pour les gens qui se donnent du mal pour aller bien. Et pour ne pas en manquer une ligne, rendez-vous sur les réseaux sociaux de Rose, de Double Monde et sur le compte Instagram contreaddictionspodcast. Ils s'appellent codéine, morphine, tramadol, fentanyl, oxycodone, les médicaments opiacés ou opioïdes, antidouleurs dérivés de l'opium, sont à l'origine d'une crise sanitaire sans précédent aux États-Unis, mais ne semblent pas encore alarmer les autorités françaises.
Quant aux anxiolytiques benzodiazépines plus connus sous le terme de tranquillisants ou sous leur nom commercial Xanax, Valium ou Lexomil, elles sont prescrites chaque année à 13 % de la population française afin de calmer l'anxiété, le stress ou les troubles du sommeil. Ces drogues estampillées médicaments sont les psychotropes les plus prescrits dans le monde. S'ils peuvent être efficaces dans le cadre d'une prescription adéquate encadrée, ces traitements ne peuvent pas constituer un traitement de fond, ils doivent être utilisés pour de courtes durées, douze semaines maximum, et à la dose la plus faible possible en raison du risque de dépendance.
Il est vrai que les benzo ont un effet tellement immédiat et magique que le patient peut développer un fort attachement au produit. Et la pharmaco-dépendance, notre invitée nous en livre une histoire tragique dans un téléfilm bouleversant réalisé par Sylvie Testud "Maman ne me laisse pas m'endormir" pour France Télévisions, adapté du livre du même nom aux Editions de l'Observatoire, sorti en 2018. Histoire tragique, donc, celle de Joseph, son fils, un garçon de 18 ans, magnifique et sensible, mort d'une overdose de médicaments, Fentanyl et Xanax plus précisément. Tout commence par un petit pétard suivi de crises paniques, une ordonnance, un soulagement planant et le cercle vicieux de l'addiction comme un tourbillon qui aspire dans son vortex l'adolescence, les rires et l'insouciance d'une famille à jamais meurtrie. Comment un adolescent de douze ans bascule-t-il du côté de l'angoisse ? Comment et par qui se voit-il prescrire des anxiolytiques sans suivi médical ? Qui blâmer s'il y a quelqu'un à blâmer dans ce drame ? Merci Juliette Boudre d'alerter les parents que nous sommes, mais aussi les autorités et tous ceux qui pensent encore qu'un petit Xanax vaut mieux qu'une mauvaise nuit.
C'est exactement ça. Très joliment résumé. Bravo ! Oui, enfin c'est dur. En le lisant, en fait, on se détache un petit peu de l'histoire, forcément. Alors j'aimerais lire le livre, je te le dis, je ne l'ai pas lu parce que j'ai vu le téléfilm et forcément avec tout le travail souvent qu'on a à faire, on se dit "Bon, j'ai le téléfilm". Mais en fait, j'ai envie de lire le livre et je vais le lire cet été. L'adaptation est pas très loin de la vérité et le livre est vraiment à la virgule près tout ce qui s'est passé. Mais malgré tout, c'est quand même assez proche, mais pas tout à fait. Oui, mais moi, je conçois qu'on… Moi je préfère les livres à la base, de toute façon. Bien sûr. Mais je suis arrivée à toi par ce téléfilm et par Sylvie Testud parce que je la suivais, enfin voilà, ça a été ça, l'histoire.
On va en parler. Est-ce que tu pourrais nous donner ta définition de l'addiction ? Ha, c'est compliqué la définition de l'addiction. Un pou dans la tête qui a une telle force et une telle puissance, en tout cas, quelle que soit la molécule, qu'il est extrêmement difficile de s'en débarrasser, encore plus quand on est très jeune. Joseph a dit ça, il faut avoir une force de caractère et une volonté pour avoir envie, juste envie et de prendre conscience qu'on a un
problème. Lui, évidemment, il pensait qu'il était immortel à cet âge-là.
Invincible. Oui, bien sûr. La jeunesse, en fait, elle joue pas contre, elle joue pas en faveur des addicts, hein. Ça, c'est sûr. Non mais en même temps, il y a une
conscience quand même. Je me souviens qu'il se renseignait beaucoup, c'était presque un chimiste. Il avait toujours les dosages maximums à pas dépasser en tête, il faisait beaucoup de recherches sur tous ces sujets-là, donc il savait qu'il y avait un risque. Mais je crois que c'est plus fort et c'est tellement difficile, on voit bien à quel point c'est difficile d'arrêter de fumer, donc… Oui, merci. Voilà, c'est vrai. Donc la puissance de ces molécules elle est immense et elle vous attrape très, très vite. C'est très bien dit parce que déjà ne serait-ce que avant d'arrêter, d'avoir la force d'arrêter et le courage comme on dit ou la volonté ou je ne sais quoi, parce qu'il y a tellement de choses qui rentrent en jeu, la prise de conscience se fait beaucoup plus, comme d'ailleurs la prise de conscience globale en général dans la vie, elle se fait autour de la
quarantaine.
On va pas se mentir, on devient philosophe à 40 ans. Je ne sais plus, je crois que c'était Jung qui disait que arrive l'individuation à 40 ans. On commence à comprendre comment on fonctionne, à savoir qui on est. Alors, comment décidé d'arrêter de consommer… Bon ce qui est intéressant ici, c'est que c'est des médicaments, c'est ça qui est vraiment fou dans l'histoire, encore plus que tout le reste. C'est pas un enfant qui voulait se défoncer la gueule à la base. Non, non. Sauf que, peut-être il avait un profil plus sensible à toutes ces molécules et que finalement, l'effet planant lui plaisait plus qu'à un autre, évidemment. Et puis, il y a ce côté transgénérationnel qui est quand même archi présent puisqu'il a une grand-mère alcoolique, un père alcoolique.
Donc voilà, ça se transmet quand même. On sait que toutes les addictions, quelles qu'elles soient. C'est dans les gènes, hein. Oui, oui, bien sûr, ça se transmet. Donc il avait, lui, il en avait des deux côtés, plus le fait qu'il avait probablement une appétence pour ça. Il y trouvait un certain plaisir alors qu'un autre l'aurait vécu différemment. C'est quoi les éléments précurseurs du coup, par rapport à cette appétence particulière ? Est-ce que même plus jeune, tu as remarqué dans sa consommation de nourriture ou de jeux vidéo quelque chose dans sa façon d'être ? Pas tellement, pas tellement, mais par contre…
Un mal-être, alors après. Mais non, en plus, non. C'était quelqu'un de très solaire, très joyeux, très… Un peu rouleur de mécaniques, un peu, un peu, un peu comme ça, mais ça commence vraiment avec le pétard quand il commence à fumer des
pétards. À 12 ans alors ? 13 et demi. Quand il commence à fumer ses premiers pétards à l'école et qu'on comprend assez vite et qu'on commence à rentrer dans la mécanique de tester les urines toutes les semaines, machin, de punir, de pas punir. De toute façon, on peut pas les attacher, je veux dire, il y a à un moment donné où ils font… quand ils décident de prendre les sentiers qui sont pas autorisés, ils trouvent le moyen de le faire. T'as commencé, toi, à essayer de contrôler sa consommation de pétards avant les médicaments ? T'étais déjà là-dessus ? Dans le film, on voit pas trop ça. Non, parce que ça démarre quand il a 16 ans. Ça démarre quand il commence les médicaments.
D'accord, c'est une bonne
question, parce que c'est important pour les parents qui doutent. Est-ce que tu regrettes d'avoir fait ça ? Est-ce que tu penses que c'est ça qu'il faut faire ? Ah non, moi, je pense qu'il faut
surveiller. Faut surveiller, mais est-ce que ça aide ? Est-ce que ça marche ? Marche. Il y a pas grand-chose qui
marche malheureusement, mais en tous cas, on s'intéresse à eux et on surveille. Et il y a toute une partie… Le pétard est une catastrophe, c'est sûr, il y a…
Sainte-Anne est rempli de jeunes gens schizophrènes ou chez qui ça a créé un épisode psychotique très grave, etc. Tu peux pas faire autrement que d'être très vigilante et en tout cas suivre et garder un dialogue très important avec eux, pas que dans le fait de les gronder ou de les réprimander ou de les surveiller. Il faut vraiment garder un dialogue. Parce que parfois, simplement le fait de leur en parler, alors je dis pas que c'est miraculeux, la preuve, moi j'ai pas trouvé le chemin, mais le fait de discuter avec eux et de leur donner la parole sur ce sujet, ça libère quand même une grosse partie de leur angoisse parce qu'ils sont seuls finalement face à une addiction ou une autre, ou même juste un plaisir qu'ils y trouvent.
S'ils le partagent pas avec des adultes référents, ils sont pas capables de… Enfin je pense que ça démultiplie la problématique. Alors que si ils relâchent un peu et qu'ils puissent échanger un minimum avec leurs parents, c'est quand même, ça minimise un tout petit peu, voilà. Mais bon, c'est pas miraculeux, non, il y a pas grand-chose de miraculeux. Non mais quand tu parles de… Tu n'as pas échoué du tout, c'est pas du tout… D'abord c'est un
accident. Oui. Alors attention, un accident qui peut arriver à la première conso. On sait pas si Joseph aurait été addict sur très longtemps. Je sais pas. Mais franchement, il y a pas d'échec du tout là-dedans. C'est vraiment un accident et c'est… Et puis de toute façon ce qui arrive…
Oui, mais la culpabilité de la mère, elle restera pour toujours. Souvent je me pose la question quand les gens me… Parce que j'ai été évidemment très sollicitée par plein, plein, des tonnes de parents qui sont dans la même situation. Et je me dis pourquoi ils me
demandent à moi parce que moi je… Non, parce qu'on sent que ce que tu faisais. Si, ce que tu faisais, on
sent que c'est la bonne voie. Malheureusement, il y a eu cet accident. Mais en effet, moi à chaque fois que j'ai lu des choses sur les proches et comment aider des enfants, parce que pour moi, c'est…
Quand on me demande de l'aide, je dis "Moi je ne peux pas, c'est impossible, je n'aurais écouté personne quand j'avais 20, 30, 40". J'ai commencé à me réveiller à 39 ans, donc pour t'expliquer le truc. Et puis surtout, je sais à quel point c'est difficile d'arrêter quelque chose quand on en a envie, alors quand on n'a pas envie, c'est mort. Donc de mettre des enfants en cure, c'est tout l'inverse. A ors par contre, c'est pour ça que
je pose la question, je pense que c'est vraiment une fausse idée qu'on a de penser, que les gens ont, de penser qu'on va mettre quelqu'un en cure, qu'il va sortir sevré et que c'est terminé.
Il faut que ça s'arrête, ça. Oui. Je pense que t'as pas tort. En même temps, quand je l'envoyais en cure, je me disais qu'il y aurait peut-être une rencontre, qu'il y aurait peut-être un psy
extraordinaire qui allait réussir à entrer dans sa mécanique de cerveau, etc. Ou que le fait… Ou un autre addict qui a envie de s'en sortir, j'en sais rien. Mais je me disais, il y a peut-être
une sol… Et puis, il était en danger, quoi, j'avais une peur bleue. Faut bien faire quelque chose de
toute façon. Au moins, il était enfermé avec des médecins et je me disais bon… Mais ils vous le disent eux-mêmes "Il va rechuter".
Il rentre, ils vous disent "Il va rechuter". Oui, on le sait. Je pense que, en effet, il faut faire quelque chose. Mais il y a un truc que je lis partout, c'est vraiment de ne pas rompre le dialogue, de s'intéresser à ce que les enfants font. Bien sûr. C'est-à-dire, souvent, bon on va dire pour les choses les moins graves, les jeux vidéo, par exemple, au lieu de dire "Moi, ça m'intéresse pas ce que tu fais, c'est nul", d'essayer de rentrer dans la vie de son enfant. En le cadrant. Exactement. Et puis même de lui
demander : c'est quoi que tu prends ? Qu'est-ce que ça te fait ? Pourquoi tu prends ça ? Je sais qu'il y a même des parents qui ont été jusqu'à essayer des choses. D'ailleurs, dans le film, on voit ton ex-mari qui essaie, qui essaye le Xanax. Mais n même temps, c'est du Xanax,
quoi. Mais c'est pas un. C'était des doses de cheval. Ah, il a pris la dose…
Ah oui, parce que quand ils sont en cure. Oui, j'ai vu. Oh la cure… C'est dingue ! Oh là là, combien ils leur donnent ? C'est un légume. Il est plus drogué qu'il ne l'était avant. Mais ça, c'est une cure particulière, on est d'accord ? C'est une méthode particulière ? Non, c'est une méthode assez générale. Je crois que maintenant, il y a plein d'autres choses parce que ça quand même fait six ans, il y a plein d'autres choses qui existent, mais à l'époque, c'était à peu près la même méthode partout. Ils vous donnent des doses de cheval de benzodiazépines et au millimètre près, tous les jours, ils baissent, ils baissent.
Et ça dure des mois, hein. Et pourquoi on commence si haut ? Ben je ne sais pas. Ah ouais. Si je sais que, de toute façon de se sevrer trop rapidement, c'est dramatique parce que ça fait des dégâts. Ça je sais. Des crises d'épilepsie. Mais pourquoi commencer si haut ? Je sais pas, mais je l'ai jamais vu aussi drogué, donc ça m'avait terrorisée. Ça, cette phrase en l'aura en
punchline "Je l'ai jamais vu aussi drogué qu'en cure". Alors l'histoire, comme je le disais dans l'introduction, il a fumé un jour le mauvais pétard, celui qui lui a donné des crises de panique. À ce moment-là, il est au lycée français à Londres ? Non, il n'est pas au lycée français, il est déjà dans un collège anglais. Un collège anglais. Dans un collège anglais en dehors de nous.
Non, dans la pampa, il est pas du tout à Londres. Il est dans un collège très strict, une main de fer dans un gant de velours, Harry Potter, voilà. Dans un collège très, très stricte. Et là, il a des crises panique, il va avoir le médecin. Là il fume dans le parc du collège avec d'autres copains et – qui doit être trop fortement dosé ou dosé n'importe comment, comme sont la plupart des drogues – et il tombe raide, il se tape la tête et le médecin du collège l'envoie à l'hôpital.
Ils me préviennent pas, je me souviens, je l'ai su que le lendemain, il était sorti. Et ils lui filent du Xanax pour apaiser cette crise d'angoisse qui surgit après être tombé. Et puis là, voilà, il a aimé l'effet planant. Tout de suite ? Tout de suite. Tout de suite. Et puis là-bas, en plus, en Angleterre, aujourd'hui c'est partout, mais à l'époque, c'était un Xany – ils appellent ça des Xany – un pound, donc c'est 1 € le cachet. Et il en achetait. Ils en achetaient, je sais pas si je le mets au pluriel parce que Joseph vivait ça assez seul, il avait presque un peu honte parce qu'il y a plein de drogues qu'ils partagent tous ces jeunes ensemble. Celui-là, celle-là plutôt, c'est une drogue, les médicaments, c'est considéré comme un truc un peu particulier quand même. Donc, il partageait pas ça avec ses copains. Oui, j'ai jamais vu personne me dire "Tu veux un Xanax", hein. Non. Il partageait pas ça, il avait un peu honte. C'est comme un peu l'anorexie, la boulimie, aussi.
Il y a des addictions comme ça, des maladies qui sont encore plus terribles parce qu'il y a la honte… Exactement. …de la pratique. Exactement. Donc il me disait "Je le
dis pas à mes copains, t'es folle". Et en même temps, dans le téléfilm, on voit à un moment donné, il utilise un peu les drogues, là, d'aujourd'hui, des jeunes, de mettre de la codéine. Voilà, la purple drank. Ben alors ça, ça existe plus. La lean, c'est ça ? Oui, la lean ou la purple drank, il y a deux noms. Ça a été colporté par les rappeurs américains. C'est grave, hein. Très grave et hyper addictif. Ils ont expliqué comment ils la faisaient, hein. C'est rien ! À l'époque, c'était… En plus la codéine était encore en vente libre. Donc c'était une bouteille de sirop 4 €, un antihistaminique écrasé 0,50 € et un sprite, mélangés. Et c'est un cocktail explosif, en fait hyper addictif, hyper dangereux.
Il y a eu des tonnes d'overdoses. Les enfants trouvaient ça dans les
pharmacies des parents, quoi. Les enfants prenaient ça à la
pharmacie ou allez à la pharmacie parce que j'en ai fait le tour largement après et elle me disaient "Ils arrivent tous à 17 heures après l'école en me disant 'J'ai mal à la gorge donnez-moi un sirop', 'Ma grand-mère est pas bien, elle m'a demandé de lui acheter un sirop de neocodion'".
C'était une sorte de trafic et ils voyaient les pharmaciens, il y en a qui donnaient bien sûr, et d'autres moins. Et puis cette maman qui a perdu cette jeune fille à peu près en même temps que Joseph, qui a réussi à faire passer la loi pour que la codéine soit plus en vente libre qui est un miracle. Bientôt on va interdire aussi les bouteilles de chantilly, t'as vu ? C'est pas possible. Ben de toute façon, tout est drogue. Ouais, tout. Tout est drogue. Alors là, à partir de là, il s'en procure facilement. Pourquoi il est en Angleterre ? Il est au collège en Angleterre parce qu'il a fait n'importe quoi à l'école à Paris et qu'il a été viré de partout et qu'on cherche une solution, que son père a été un ancien pensionnaire qui prône les bienfaits de la pension. Moi, je veux pas à l'époque, je suis terrorisée.
Il me dit "Ça va le remettre droit, c'est important". Et puis c'est plus ouvert pour lui. Ce genre de personnalité, il va aimer, il va faire du sport, les cours sont très différents, c'est très court, les sessions sont machin, il va rencontrer des gens du monde entier. Oui, oui. Ça paraissait plutôt adapté. Mais il avait quatorze ans et demi, il était jeune quand même.
Oui, mais donc, tout à l'heure, quand
tu me dis il y a pas vraiment de signes précurseurs, donc à l'école déjà. Ah non mais à l'école il faisait,
oui. Non, il bossait pas. Ça va pas. Non, non, il bossait pas, enfin il a bossé jusqu'au CM2, il est rentré en 6e, il a commencé à déconner. Tu me fais peur. Je vois mon fils. Voilà. CM2 nickel et… Non, mais c'est-à-dire, l'école, c'est un signe, je trouve.
Il y a quelque chose de refus de l'autorité et de vouloir absolument être libre. Je le vois dans les yeux de mon fils ou peut-être tu l'as vu dans les yeux de Joseph. Les mauvais copains aussi. Et en fait comme tu es comme ça, tu vas vers les gens qui sont un peu, voilà, un peu rebelles et un peu justement, c'est souvent eux qui vont te proposer tes premières drogues et tout.
En tout cas, moi c'est ce que j'ai fait aussi. Donc je visualise ma chance aussi d'être là aujourd'hui, parce que, en fait voilà, on sait pas quand ça peut arriver, mais on peut mourir à tout moment avec toutes les drogues en fait. Exactement. Et quand tu parlais de signes précurseurs, il y a eu juste un truc quand même, c'est que mon deuxième fils, Max, a été très malade à la naissance, il a fait une hémorragie méningée et tout, ça a été très grave, joseph avait deux ans à peu près. Et donc je me suis beaucoup inquiétée pour Max pendant des années, ça a été – aujourd'hui, tout va bien – mais pendant des années ça a été très difficile, des tas de trucs assez costauds.
Whaou. Oui, des opérations, des trucs, beaucoup d'hospitalisations. Et Joseph il était, ça roulait quoi, il était beau, il était bien, il était en bonne santé surtout. Et donc je m'inquiète… Donc peut-être qu'il y a quand même ce petit paramètre-là qui fait que je me suis plus inquiétée pour l'un
que pour l'autre. À quel moment Max a commencé à aller justement très bien ? Huit, neuf ans. Ouais. Parce que j'ai appris vraiment ce truc-là de la dynamique familiale, c'est hyper important. Par exemple, j'en sais rien moi, on va dire j'ai un frère qui était premier de la classe, qui était super doué, tout ça. Donc quand t'arrives, ben cette place elle est prise, donc tu prends une autre place. Donc moi, c'était l'inverse, évidemment. Et puis après ma petite sœur, elle arrive et puis elle se dit "La place de la rebelle, elle est déjà prise.
Moi je vais être la temporisatrice et tout ça". Donc il y a déjà une dynamique qui se met en place et quand quelque chose bouge, tout bouge. Donc par exemple, si Max, pendant un moment, il a été celui dont il faut s'occuper et que du coup pour pas te donner plus de soucis que ça, Joseph, lui, s'est fait tout sage et tout gentil, à partir du moment où Max il y a plus d'inquiétude sur lui, peut-être qu'il s'autorise à être celui qui… Parce qu'en fait, on prend des rôles qu'on nous donne au début, hein. Oui, oui, c'est vrai, c'est possible. Et je trouve que ça marche vraiment. Moi en tout cas, mon thérapeute Melchior qu'on a reçu ici, il travaille beaucoup la dynamique familiale. Et à un moment donné, il suffit de se rendre compte des frontières et on se rend très bien compte qu'on a pris un rôle, quoi. Oui, oui, c'est vrai, c'est juste, c'est intéressant.
Et moi, je vois que aujourd'hui, quand je vais vers un chemin beaucoup plus lumineux où j'ai l'impression d'être plus celle pour qui il faut se faire du souci… Et t'embarques, au contraire. …autour de moi, on sait plus comment agir, quoi. On sait plus quoi faire d'elle "Ah bon, elle va bien, donc qu'est-ce qu'on fait ?". C'est drôle. Et que mon père, il sait plus. Ma soeur, elle est "Oh, mais c'est moi qui vais pas bien, en fait". Il y
a tout qui bouge. Exactement. C'est drôle, ça. C'est drôle parce qu'aujourd'hui ma vie va bien et beaucoup mieux en tout cas et justement ça déstabilise ma sœur. C'est drôle parce que, oui, ça crée. Parce qu'elle a dû s'occuper de toi pendant des mois et elle a été géniale ta sœur, elle était là, présente, vachement. Très, très, très proche. C'est Sylvie Testud dans le film. Oui, c'est Sylvie Testud. Ça on va en parler parce qu'en fait j'ai pas évoqué du tout, parce que je te connaissait pas, on s'est rencontrées là juste avant, on a eu la chance de prendre un café au soleil à Paris, on est habillées exactement de la même façon, c'est très drôle.
Et je me rends compte qu'on est un peu au même stade de nos vies, avec des épreuves qui nous ont amenées dans la joie. Alors attention, je fais aucun parallèle sur les épreuves et il y a aucun degré de souffrance et tout ça. C'est chacun son degré. Voilà. Mais en tout cas, on est toutes les deux d'accord sur le fait que les épreuves t'amènent souvent à une résilience et souvent une nouvelle vie, en fait. Soit on choisit la vie, soit on regarde le plafond. Et quand t'as choisi la vie, en général, tu la prends entière.
Exactement. Telle qu'elle est. Absolument. Et comme tu n'as plus du tout la même vision évidemment de la vie quand tu as connu la mort… Voilà. …ça te permet… Donc c'est ça aussi que je veux, dont je veux parler, c'est le message d'espoir, c'est ça te permet justement de ne plus t'encombrer avec tout ce qui… Avec les petits détails polluants qui n'en sont pas, en fait. Donc non, non, moi, non, je vis exactement comme ça. Je vis avec tout le bonheur qui peut être le mien et la chance que j'ai. Parce que malgré tout, je me réveille le matin en me disant "J'ai de la chance" et… Whaou. Non mais ça, faut que les gens entendent ça, que c'est possible et ce qui n'enlève pas le manque et la douleur.
Et la douleur et le manque et les pleurs me sont propres et restent très intimes en moi, avec des moments qui me sont réservés, que je me réserve, où je me laisse aller. Mais le reste du temps, j'ai d'autres enfants, j'ai un mari, j'ai des amis, j'ai une famille, ils vont bien, je veux dire, la vie est belle. En fait, c'est très difficile pour beaucoup de personnes de comprendre qu'on peut être triste pour quelque chose, mais avoir la joie en nous. Tu peux être en deuil et être heureux, en fait. Alors, on peut l'être effectivement, ça a quand même pris un peu de temps, ça a pris quelques années, mais… Évidemment. …En fait, c'est une… Faculté. Oui, faculté, nature. Je pense que c'est ma nature aussi. Et puis la capacité de compartimenter pour pas imposer aux autres cette souffrance qui est la mienne, que j'avais pas du tout envie, c'est pas ma nature non plus, justement, de me plaindre, d'être dans un rapport à l'autre.
Mais tu n'as pas fait semblant non plus. Non, j'ai pas fait semblant, mais j'ai pas tellement montré, quand
même. Oui, mais il n'empêche que tu as, d'un coup la vie t'offre des cadeaux : un amour que tu n'as jamais connu… Enfin,
c'est pas le sujet de ce podcast.
D'ailleurs, j'aimerais bien t'envoyer dans un podcast à moi, à une amie à moi, qui s'appelle "Ressources". Je t'en parlerai. Je vois très bien, je l'écoute, bien sûr, j'adore. Eh bien ouais, c'est important de savoir les ressources qu'on peut trouver en nous alors que normalement c'est terminé, quoi. Ben, il y a plein de gens qui me disent, qui disent "Moi j'aurais été incapable". Non mais les gens savent pas de quoi ils sont capables, en fait, c'est ça le truc. Exactement. Non mais, tant que les choses nous arrivent pas, on sait pas. Et puis on est, enfin, moi je me sens responsable. J'ai des enfants, il faut que je sois solide et costaud parce qu'ils ont besoin d'une maman quand même, donc je…
Même l'univers te l'a bien rendu, parce que tu as eu que des jolies choses depuis quelque temps et peut-être même que c'est quelqu'un là-haut qui te les envoie. Ça c'est ma conviction profonde. Un peu la mienne aussi. Dans le téléfilm, son papa il est alcoolique. Donc vraiment c'est… De quelle manière est-ce que ça a influencé ce destin, au-delà des gènes ? Est-ce que quelque part, il y a manqué ? Est-ce que, enfin, quel rapport ils avaient ? Ils avaient un rapport un peu plus conflictuel que celui que j'avais avec Joseph qui était plutôt bon, mis à part les crises de…
L'exaspération quand j'arrivais pas à… quand il me manipulait, en fait, il était insupportable. C'était plus conflictuel, mais son père était effectivement assez alcoolique, avec des similitudes et des parallèles entre les deux personnalités qui étaient assez étonnantes. Et donc, par exemple, quand Joseph part en cure la première fois, son père est en cure aussi pour l'alcool à l'autre bout du monde en Afrique du Sud. Moi je sais même pas, j'ai même pas le droit de l'appeler, je peux même pas le prévenir que Joseph va rentrer en cure. Enfin tout ça a été très, très compliqué quand même et très, très… Toi, t'as vécu avec un alcoolique ? Oui, mais il l'est devenu encore plus après. Quand vous vous êtes séparés. Quand je me suis séparée, ouais. On était, il buvait, mais c'était…
Il a vraiment eu une descente plus compliquée par la suite et encore plus après le décès de Joseph, là ça a été très, très difficile. Aujourd'hui, il va plutôt bien. En tout cas, il pratique l'abstinence, on est d'accord ? Plus que la modération ? Ah oui. C'est impossible de modérer, hein ? Non. Ah bah, t'as pas le choix. Soit il arrête net, soit il reprend. Quand il boit, je sais qu'il a repris, voilà.
Quand on boit un verre, en général, voilà. Mais donc on est d'accord qu'il y a des rechutes dans la vie des alcooliques, il y en a hein ? Il y en a, beaucoup. Et il faut pas désespérer parce que souvent il y a une rechute qui… Bon alors, malheureusement, il y a
des rechutes qui peuvent être la dernière dans le mauvais sens, mais dans le bon sens aussi. Chaque rechute amène à un autre cap. Alors tu découvres par le biais de ton autre fils Max qui te dit "Mais en fait, tu vois rien. Il en a partout." Donc dans les baskets, sous les semelles. En fait, il a des plaquettes d'anxiolytiques partout. Et donc il va quoi, dans plein de pharmacies, il s'en procure ? Pharmacies quand il a une ordonnance qu'il arrive à garder, que j'ai pas planquée, mais sinon dans toutes les salles de bain des français, où qu'on aille, il allait direct dans la
pharmacie…
Oui, il trouvait la pharmacie. Il y avait un tube de Xanax ou un tube de Lexomil, partout. Xanax, Lexomil. Lysanxia. Et Valium aussi, c'est un
anxiolytique ? Oui, c'en est un, mais il prenait pas ça. Lysanxia, il prenait pas mal. Et surtout sur les réseaux, il avait des tonnes de messages sur Instagram de mecs qui le sollicitaient. C'est des dealers. Oui oui. Cette semaine quatre boites pour tel prix. Alors, il est dans quel état ? Parce que moi si je prends un Xanax, franchement, je dors. Mais moi aussi, j'en comprends pas d'ailleurs. Non mais c'est pas mon truc, c'est pas mon truc.
Par contre, j'ai vu dans des moments d'angoisse, on m'en avait prescrit bien sûr, évidemment, à de nombreuses reprises… Pour trois mois. …d'hospitalisations et tout ça, j'ai bien vu que je pouvais être addict, en tout cas, que si je rentrais là-dedans, je pouvais plus m'en passer. Ben c'est ça. Et comme j'avais devant moi aussi, j'ai vu des gens très proches qui gobaient les Xanax comme des petits pains, en faisant mais, pareil, j'avais eu des potes, même quand j'étais sur scène, angoissée, stressée parce mal, ils me disaient "Vas-y prend un Xanax", les gens te le disent. Mais bien sûr. Tu veux un Lexo, on
prend l'avion. Mais bien sûr. C'est comme si on te disait "Tu vas prendre une petite pastille de rescue", quoi, voilà. Oui. Non, mais tu vois, rescue ça marche très bien. Bah oui, ça suffit. Et l'Eu… comment ça s'appelle. Euphytose. Euphytose, ça marche très bien.
Très bien, bien sûr. Mais vraiment. C'est-à-dire que ça te fait dormir. Et puis, avant même de passer à la médicalisation, une marche en forêt, non mais je veux pas, j'ai pas envie qu'on se foute de ma
gueule, c'est vrai. Je l'ai écrit. Une marche en forêt, un tour du monde, un peu de yoga, la méditation. Il y a tellement de choses
aujourd'hui. Parce qu'on parle d'hormones sécrétées grâce au Xanax, mais en fait, il y a plein de choses qu'on peut faire qui font exactement le même effet.
Je l'ai mis dans mon bouquin, c'est
exactement ça. Donc c'est quoi le problème ? C'est que les gens veulent l'effet tout de suite, immédiat et après bien sûr… Ils deviennent résistants aux trucs, donc ils sont obligés d'augmenter les doses. La tolérance. Oui. Donc oui, tu me disais dans quel… Tu le voyais ? Oui, oui. Parce que… Ouais, c'est ça qu'on se
disait. Oui, il y a une transformation physique qui est assez nette et de comportement, en fait. Il marche plus pareil, il n'a pas le même regard surtout. Le regard est très important. Vitreux un peu. Ouais, bizarre. Tu le vois de toute façon quand tu connais quelqu'un très bien, très proche, tu vois qu'il y a un truc qui va pas. Le sommeil, catastrophe. Alors ça, c'est quoi, l'histoire ? Parce que quand je le vois dans le téléfilm qu'il se lève la nuit, qu'il fait de la cuisine, qu'il est à donf. Oui, c'est ça. Mais il prenait d'autres drogues que ça ? Non. Alors pourquoi ? Mais parce que ça le surexcitait, enfin ça faisait l'effet inverse.
Comme il en prenait énormément, s'il avalait 10 cachetons, il n'avait pas sommeil, en fait, ça l'abrutissait pas du tout. Il avait faim, il fallait qu'il se
lève… Et ça, c'est normal ? C'est comme ça que ça se passe quand on en prend trop ? Ça peut. Ah parce que j'avais l'impression qu'il alternait avec des périodes de drogues dures.
Comme quand… Tu te souviens pas
quand les enfants étaient petits, nos parents nous donnaient du Theralene pour voyager, pour dormir. Et si ils donnaient un peu trop, on était surexcités. Ça fait l'effet inverse, en fait, c'est ça. C'est intéressant. Ben ça, c'est bien que les parents aussi sachent. Parce que on sait pas de quoi ça a l'air un enfant qui est… Ils nous droguaient pour dormir dans l'avion. Bon ça, c'est rien encore par rapport aux autres générations. Oui, oui, c'est ça. Moi, je vois dans des groupes de parole énormément de personnes de 50, 60 ans qui ont été élevées au whisky, hein.
Non mais vraiment, hein. Du whisky dans le biberon. Ah non ! Oui, oui, oui. Ouais. Qu'est-ce que toi tu conseilles, en fait, à des parents, pas pour l'instant, pas d'enfants addicts, mais déjà d'enfant angoissés ? Si on sent qu'il y a une crise d'angoisse, déjà, moi je suis contre la prescription de médicaments, donc est-ce que tu sais déjà que tu acceptes ça ? Un enfant angoissé, on ne donne pas
de médicaments. On donne pas. On parle, on lui fait faire du sport, on va se balader. En plus, aujourd'hui, il y a vraiment plein de méthodes comme on le disait. La sophrologie. La sophrologie fantastique, la
méditation… J'en sais rien, la lecture. Ouais mais, tu vois, moi je comprends parce que je suis dedans, mais il y a dix ans, tu m'aurais dit ça, j'aurais dit "Laisse-moi tranquille, donne-moi un verre d'alcool et laisse-moi prendre ma…". Tu vois ce que je veux dire ? Oui, mais il y a dix ans, on n'avait
pas… Il faut qu'on comprenne aujourd'hui.
Oui, aujourd'hui, les études sont faites, on a des imageries cérébrales de gens qui méditent et de gens qui méditent pas. Ce n'est pas le même cerveau, ce ne sont pas les mêmes cerveaux. Bien sûr. Donc on a des tas d'outils et de plus en plus aussi pour les enfants, je veux dire, ils déclinent les mêmes pour les petits. Bien sûr, la grenouille, là. Voilà, exactement. On a interviewé le ministre de la Santé pas plus tard que la semaine dernière. Ah, je l'ai rencontré. Ah, toi aussi ? Dans son bureau, 45 minutes, il est formidable. Il est formidable, hein ? Toi aussi, tu as eu droit à ce beau bureau lumineux. T'as vu ça? Hmm, on est bien. 19 heures, j'arrive et on devait avoir une réunion avec sa directrice de la com, etc.
Pour parler d'une éventuelle campagne de prévention et il dit "Non, je vais la voir seul 45 minutes". Et je suis restée 45 minutes en face de lui, en plus il aime le rugby, moi je suis, ma famille est du Sud-Ouest, donc c'était rigolo. Oui, je lui ai demandé s'il était pas du Sud-Ouest, d'ailleurs, je
trouvais qu'il avait quelque… Non, mais il est du Nord. Oui, il avait quelque chose du Sud-Ouest. Non, non, il est du Nord. Oui, mais
il est très rugby, donc ça transpire.
Ouais, ça transpire. Et je l'ai trouvé charmant. Et en plus, il a quand même, d'abord c'est un urgentiste. Ça y est, ça a été, c'est passé en… Il m'a envoyé un message, trop gentil son directeur de com m'a envoyé le message comme quoi le HHC avait été classé dans les stupéfiants. Ah c'est vrai ? Mais il est extrêmement réactif et très, très sympathique. Et surtout, il est ministre de la Santé et de la Prévention. Il a ajouté le titre et ça change tout, en fait. Parce qu'il a une prise de conscience de toutes ces problématiques-là, qu'avaient pas ses prédécesseurs, donc. Il est super. Et je l'ai invité le soir de la première du film et c'était le week-end de Pâques, j'envoie, il y avait pas beaucoup de places, 50 textos, c'est le seul qui m'a répondu dans la minute un samedi, le seul.
"Je vais faire mon possible. Merci pour cette gentille invitation. Je garde en tête nos échanges. On essaie d'organiser un groupe de travail". Oui, mais parce que c'est un énorme sujet aussi. C'est un énorme sujet et un énorme
bosseur, bien sûr. Ah non, franchement, on parle de nos enfants. Bien sûr. Il est très inquiets d'ailleurs. On parle de nos enfants, de nos adolescents. On est
tous très inquiets. Mais moi je suis beaucoup plus inquiète encore que lui, je pense, parce que je vois les choses encore plus gravement dans le sens où pour moi, on a une armée d'addicts avec les téléphones. Donc on a des enfants qui sont accros à l'iPad à deux ans. Pour moi, une fois qu'on est addict, moi j'ai compris ça, j'ai compris que c'était un comportement, l'addiction et est addict ou on l'est pas. Et quand on crée des armées de dépendants, ben si à un moment donné ils se font un peu trop chier avec un iPad, évidemment qu'ils vont avoir envie d'essayer d'autres choses.
Mais évidemment. Puis ils sont addict. En fait, ils ne savent pas s'occuper seuls, ils ne savent pas être seuls avec eux-mêmes. C'était Montaigne je crois, ou je sais même plus qui, qui disait "Le drame de l'humain, c'est qu'il ne sait pas rester seul dans une pièce et qu'il ne sait pas s'occuper". On sait pas quoi faire. Alors avec ChatGPT, on est mal barrés. Alors, on estime que quatre personnes meurent chaque semaine d'une surdose d'antidouleurs opioïdes en France. Alors les chiffres, je les ai pas parce qu'ils sont assez planqués, Joseph est pas dans les stats, par exemple, et il doit pas être le seul, donc j'arrive pas à imaginer. Mais c'est bien possible, peut-être plus, je sais pas. Bah, en fait, bon aux États-Unis, c'est vraiment aujourd'hui, ça ouvre le JT tous les jours. Tous les jours à 20 h. Il faut quand même préciser que ces overdoses mortelles, elles sont provoquées aussi par l'héroïne qui est illégale.
Donc l'héroïne qui fait partie des opiacés. Des opioïdes. L'overdose de Joseph elle est due à quoi exactement ? Donc alors on est, l'histoire, on repart du moment où il… Je découvre tout ça et pendant un an et demi, quelque chose comme ça, je le soigne à coup de thérapies, à coups de cures, un coup en France – pas tellement en France d'ailleurs du tout parce qu'il y en avait pas ou il y avait deux cliniques qui se battaient en duel, qui étaient, un, hors de prix et deux, qui hébergeaient tous les jeunes français parisiens un peu friqués qui se refilaient leurs dealers dans le quart d'heure, donc on m'avait déconseillé, donc… Garches ? Ouais, entre autres. Et il y en a une deuxième à, pas Epinay, je sais plus. Bref donc non. Donc je le soigne en Espagne et en Angleterre. Et tout ça dure, oui, un an et demi et il va mieux. Il va mieux et ça dure neuf mois, l'année de ses 18 ans. Il est heureux à ce moment-là. Ouais, ouais. Il est bien, Il est…
Il a une petite copine en plus. Il a une petite copine, c'est pas sa petite copine, en fait… Ça a été rajouté ? Oui, c'est sa meilleure amie. C'est la fille de ma meilleure amie avec qui il a grandi, en fait, ils ont trois mois d'écart, c'est sa meilleure amie. Ça se voit. Pour la télé, c'est une histoire d'amour. Ça se voit qu'ils sont amis de toute
façon. Oui, oui, ils sont très proches. Et – elle s'appelle Yasmine. Et donc, il va mieux. Et puis il reprend ses études, parce que tout ça a été quand même très chaotique. Et puis il replonge et ça dure deux mois. Il replonge comment ? Il replonge avec… Je sais pas, des copains, les fameux cocktails, des soirées où il essayent toutes sortes de trucs.
Et puis il doit naturellement lui-même, tout seul, retourner vers les médicaments dans son coin. Et là-bas, c'est vendu par les dealers comme le reste donc. Et il associe les opiacés, naturellement, parce que j'imagine que c'est plus fort et que finalement, il est arrivé à un niveau de tolérance qui ne lui suffit plus. Et puis il est, je le vois, il est en Angleterre, il me facetime beaucoup en plus, il veut que je voie, c'est très étrange. On se parle trois fois par jour, je vois son visage et je lui dis "Rentre, rentre, rentre", il rate toujours son train, etc. Je finis par dire "Je vais le chercher" et finalement, il prend
un train, il arrive. On va voir le psy qui nous suivait, son père, lui et moi, on avait un psy qui nous suivait depuis un moment, on fait une thérapie familiale et il me dit "Faut l'envoyer…".
Je dis "Faut tout de suite le mettre à l'hôpital" et il me dit "On peut pas, il est majeur". Ça c'est un autre sujet très important, quand vous êtes majeur… Il faudrait créer quelque chose qui fasse qu'on n'est pas suffisamment responsable quand on est un jeune adulte majeur addict. Complètement. Parce que.
Parce que là, ils sont livrés à
eux-mêmes. Tu peux pas faire. Il faut un dossier comme ça, il faut trois passages à l'hôpital, pour pouvoir rentrer à l'hôpital pour juste le sauver. Parce que c'est lui qui doit décider. Eh oui, tu peux pas signer pour lui,
non. Et il dit "L'option, c'est qu'il parte quelques jours parce que parfois, juste le fait de changer de décor, ça peut le remettre. Il a replongé, les rechutes existent et elles sont peut-être là encore. Il faut qu'il change de décor". Et dont sa grand-mère, la maman de son papa, me dit "Je l'emmène à Cannes". Elle vit dans le Sud. "Si tu veux, je le prends", elle a un petit appartement à Cannes, "je le prends à Cannes trois-quatre jours et ça va peut-être aider".
Et c'est là-bas que ça s'est passé. Il est parti. La nuit, elle verrouillait tout, il est sorti par la fenêtre. Il y avait une fête foraine, il a acheté – il pensait que c'était de la morphine
– du fentanyl, il pensait que c'était de la morphine. Ça commence tu sais ? Parce qu'il y a des échanges sur son ordinateur avec une ancienne copine de cure à qui il demande de l'aide. En fait, il dit "Keep me awake, ne me laisse pas m'endormir, keep me
awake". Il savait. Il fait une première overdose ce soir-là, enfin limite. Il est terrorisé. Ils échangent beaucoup, elle est au Mexique, donc
le réseau passe mal. Et il dit "Je crois que j'ai pris de
la morphine, mais en fait c'est pas de la morphine", c'est ça ? C'est trop fort. Elle l'engueule, elle dit "Je t'ai
dit de pas toucher à ça. Parle-moi, parle-moi", elle va promener le chien, enfin il y a tout
un…. Lui il sent, en fait, qu'il fait une overdose. Ah ouais, ouais.
C'est très, très fort. Qu'est-ce qu'il faut faire à ce
moment-là normalement ? Aux États-Unis, ils ont tous l'antidote, là, sur eux. C'est quoi ? Ah, l'antidote ? Ouais, ils ont un truc. Quoi ? Pchit ! Et ça les… Mais c'est pas vrai ? Mais si, bien sûr. Mais d'où elle sort cette antidote ? Mais c'est donné par les médecins, partout. Ah je suis pas au courant. Ça s'appelle, je vais te retrouver le nom, je me souviens plus là. Mais ça, c'est à double tranchant aussi. Parce que si t'as l'antidote… Ben évidemment. Mais qu'est-ce c'est ? Évidemment, c'est un truc de dingue. Donc… Elle lui en parle d'ailleurs, elle lui dit "Je t'ai dit d'avoir ça avec toi, je t'ai dit…". Ouais, c'est terrible. "Je t'ai dit d'avoir ça avec toi tout le temps, etc. Tu dois pas toucher à ce…", bon bref. Cette nuit-là, ça va à peu près et le lendemain, il reprend. Quoi ? Il reprend et cette nuit-là, voilà, ça se passe. En fait, le mélange… De toute façon je pense que même
fentanyl tout seul aurait pu lui créer une overdose, c'est tellement fort, c'est 100 fois plus fort que la morphine.
C'est vraiment l'antidouleur le plus fort utilisé uniquement en fin de vie dans les cancers les plus graves, avec les douleurs les plus terribles, donc
bon. Mais le mélange benzodiazépine, parce que j'ai retrouvé le petit sachet, il restait une gélule – j'ai fait analyser, c'est comme ça que j'ai su que c'était du fentanyl – et des Lysanxia en quantité. Et le mélange des deux, en fait, a détruit tous les organes, ça l'a tué. Il y avait une autopsie, en fait ? Non, il y a pas eu d'autopsie, mais les analyses sanguines ont suffi. Mon Dieu. Et voilà. Et elle s'est réveillée le matin, ma belle-mère, en me disant "Il est inconscient, je pars à l'hôpital". Non mais c'est pour ça qu'en fait, il
faut… Ils l'ont remis en… son cœur s'était arrêté, les pompiers l'ont quand même… Mais j'ai eu le temps de prendre l'avion quand même et d'être avec lui. Et ta belle-mère, en termes de culpabilité aussi, ça doit être pas
mal aussi ? Oui, c'est pas facile.
Non. C'est pas facile et en même temps elle était là… Il s'était fait… Il y avait une casserole qu'il se faisait des pâtes. Donc toujours la faim. Ouais, il faut quand même bien essayer d'aider les gens en disant que la culpabilité c'est vraiment la pire des émotions et qu'elle ne sert strictement à rien. Ah oui ? Ouais. C'est vrai, bien sûr. Non, non, c'est quelque chose. En fait, dans tous les… Que ce soit le développement personnel, les gourous, le bouddhisme, le machin. En fait la culpabilité elle se relie au passé. Est-ce qu'il y a des choses qu'on ne peut plus changer ? Et surtout, en fait, elle veut absolument penser qu'on a un libre arbitre total, alors que les événements, le cours des événements ne dépend pas de nous, en fait.
Et si on arrive à accepter ça, que nous sommes les acteurs d'une vie dont le metteur en scène, en tout cas je veux dire, une aile de papillon peut faire un tsunami, tu vois ce que je veux te dire ? C'est joliment dit. T'imagines tout ce qu'il a fallu pour que ça arrive ? Mais oui. Tu peux pas une seconde… D'ailleurs, c'est presque de la prétention. Moi j'ai compris ça. Mais pareil pour les drames et pareil pour les victoires. La prétention que de ce l'approprier. Ah oui. Moi, quand on me dit "Mais t'es trop forte, mais bravo. T'as vu ce que t'as réussi à faire ?". Non. C'est dur de penser que justement, à ce moment-là, on aurait pu faire quelque chose en plus. C'est pour ça que tu t'attaches aujourd'hui à penser "Qu'est-ce qu'on peut faire dès le début ?". C'est plus ça, non ? Parce qu'une fois que c'est lancé.
Il faut en parler très jeune. Ouais. Qu'est-ce que t'as envie de faire, toi, maintenant pour ça ? Qu'est-ce que c'est ton message ? Ben, c'est ça. Je te disais tout à l'heure, j'ai réfléchi parce que je suis très sollicitée et je ne peux pas ne pas m'occuper de tous ces gens qui me demandent de l'aide. Et je sais pas comment faire parce que ça prend des heures et des heures, je réponds à tous les messages. Ils ont besoin de parler aussi. Ils ont besoin de me voir, ils ont besoin de parler, ils ont besoin d'échanger, ils ont besoin que je
leur réponde. C'est effectivement des très longs messages, très explicatifs, souvent des photos, des vidéos, des… Et je comprends tellement, je veux dire, et surtout qu'on est tellement seuls, on est tellement seuls dans ces situations. Donc je me suis dit "Je vais ouvrir, je vais refaire deux ans, trois ans d'études de psy, j'en sais rien. Je vais ouvrir un cabinet ou alors je ferai un truc de, juste de consultations d'écoute", je sais pas.
Et en fait, je pense que non. Je vais faire des conférences, parce que j'en ai déjà fait un peu dans des collèges et des lycées. Jeunes, quatorze, quinze ans, voilà, et leur expliquer. Et souvent… Les premières que j'ai faites, j'ai très peu été sollicitée par les lycées du service public, d'ailleurs. Tu sais, j'ai été sollicitée une seule fois et c'était à Londres. J'ai été au collège Winston Churchill. J'ai fait un super truc, c'était génial. Voilà. Moi je l'ai fait à Londres et je l'ai fait à l'ISP ici qui est l'école américaine et à l'autre école bilingue. Mais les Français, personne. C'est fou ! Alors peut-être que le fait que, aux États-Unis, ce soit un tel drame, ça les sensibilise plus.
Et en fait, ils aiment bien aussi parce que souvent ils ont ce genre de cours, mais c'est souvent des gens du ministère ou de la police. Exactement. Voilà. En fait, quand t'a une addict qui vient déjà te raconter. C'est très important. C'est très important. T'arrives, tu les vois tous arriver très détente, genre elle va encore nous gonfler celle-là et nous parler de quoi. Et puis en fait, c'est la mère et donc au bout de trois, quatre minutes, ils commencent à être un peu plus focus et puis de plus en plus émus. Et je raconte l'histoire en français, en anglais, ça dépend. Et puis à la fin, j'en ai toujours deux ou trois qui viennent me voir en pleurant parce que leur père, leur frère, leur mère, leur oncle, il y a pas une famille qui est pas touchée, il y a pas une famille qui est pas touchée.
C'est un truc de fou. Donc… Ce podcast, c'est drôle, parce que
souvent on me dit "Merci pour l'aide apportée" et souvent on me dit "Je l'ai envoyé à machin". Tout le monde connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un. Alors oui, du coup, c'est bien pour moi, mais c'est pas bien pour ce qui se passe… Oui, mais c'est une réalité. C'est dur. Donc voilà, je pense que c'est ce
format-là. Peut-être qu'en plus ce sera moins en direct avec la douleur que ça peut représenter. Parce que je suis costaud tout le temps, tout le temps, tout le temps et puis tout
d'un coup, je lis un message et je m'effondre parce que celui-là il est différent ou de trop, j'en sais rien. En tout cas, bim !, ça me fait un effet que donc…
Je pense que le one to one, ça va être un peu difficile. Il y a beaucoup de mamans qui ont perdu…? Mais beaucoup qui perdent, beaucoup qui vivent cette problématique, beaucoup… Pas que des mamans, des jeunes qui m'écrivent aussi. J'ai des femmes pour leurs maris, des maris pour leurs femmes. Donc ça n'a pas réveillé que les mamans, quoi. Non, non, non, non, non. J'ai des messages de jeunes qui sont fantastiques. Et par rapport aux médicaments donc. Donc le sujet c'est. Médicament. Voilà médicament. C'est ça le sujet. Médicament. C'est pas forcément la maternité… C'est vraiment le… Mais quand tu veux dire conférence, en fait, donc de la prévention ? Oui. Mais il y a autre chose de plus grand et c'est ce que je pense que tu pourrais faire aussi, c'est non seulement cette prévention, évidemment, et c'est par rapport à l'histoire de Joseph…
Oui. Mais il y a ton histoire, en fait, qui pour moi est grandiose en termes de message d'espoir. De reconstruction. Oui, parce qu'il y a aussi l'après, quoi. Ça, c'est important, c'est important aussi. C'est très important. Qui est au-delà de l'addiction, je veux dire, hein. Oui. J'ai été très entourée, et puis en même temps, je me suis beaucoup isolée, comme je te le disais quand ça m'était trop compliqué. Et puis j'ai pris du temps, en fait, j'ai été patiente en me disant je savais que ça ne passera jamais, que ça ne passerait jamais, mais… C'est peut-être moins fulgurant, la douleur est peut-être moins terrible. Elle est présente, elle vit en moi en permanence, mais je suis moins électrisée si vous voulez. Pourquoi d'après toi ? Est-ce qu'il y a une acceptation ?
Est-ce qu'il y a quelque chose d'un peu mystique aussi ou rien ? Si certainement. Ouais. En plus j'aime pas le temps qui
passe.
À chaque fois je dis "Ça m'éloigne de lui", en fait. Ça m'éloigne du dernier moment où je l'ai vu. Et puis de la souffrance aussi. Même si… Oui. Et peut-être que justement, il y a quelque chose qui me plaît pas du tout là-dedans, mais… Plus le temps avance, plus ça fait du temps sans lui. Ouais. C'est trop loin et moi, ça me… Je sais pas, il y a un truc de distance, oui, qui est très désagréable.
Mais… Et qui rend coupable, évidemment surement. Oh bah, certainement. Évidemment, il y a un peu de
culpabilité, genre "Mais merde, je souffre pas assez". Une pointe, oui. Mais voilà, j'ai choisi la vie. D'abord parce que j'avais d'autres enfants, dont un qui était tout petit, qui avait trois ans et qu'il était pas question que je me lève en étant dévastée, c'était pas juste…
Et pour eux. J'entendais "Maman, je suis réveillé
!", "Maaaman", fallait que je me lève. Mais pour les enfants, est-ce que… Alors, j'ai fait une connerie, justement pour les enfants. Parce que le petit, j'ai tellement joué la carte de… Alors, lui, il le voyait… En plus,
il était très, très habité tout petit, donc il le voyait partout. "J'ai vu Joseph au plafond, j'ai vu Joseph passer dans le truc".
C'était dingue. Des trucs, des phrases qu'il me disait le matin "Ton fils est en mille morceaux". Des trucs, mais… Il faisait des petites prières, non
mais c'était impressionnant. Il le voyait pour de bon. Oh bah, bien sûr, bien sûr. Ah, j'adore. Ça me plaît. Ça me plaît beaucoup. C'était fantastique. Il était très en connexion avec lui. Et moi, je, voilà, ça je le partageais bien sûr, mais ma douleur pas du tout. Et un jour, il y a un an, un truc comme, donc il a dix ans, il devait avoir huit ou neuf ans, il est dans son bain et il me repose la fameuse question "De quoi il est mort Joseph ? Pourquoi il est mort Joseph ?".
Et j'ai toujours dit "Son petit cœur s'est arrêté". Voilà. Point barre. Je suis jamais rentrée, je me disais qu'il était trop petit,
que je pouvais pas parler de drogues, de trucs. Et là, je me dis "Bon, peut-être que t'es en âge, peut-être tu vas comprendre"… Quel âge ? Huit ans, je crois.
"Est-ce que t'as entendu parler de la drogue ?". Alors il me dit " Non, pas du tout". Alors, je lui explique le système, les dealer, la vente, l'addiction sommairement, mais en tout cas j'essaie… Tu lui expliques que c'est un pou dans la tête ou pas ? Oui. Oui ? De quoi ? Tu lui a dit que c'était un pou… Oui, c'était un pou dans la tête. Tu lui as dit ça ? Bien sûr. Ah oui, d'accord, parce que faut faire attention, une fois qu'il aura
des poux, il va flipper. Non, non. Je lui explique. Bon. Et je pleure. Et lui pleure. Et il sort du bain et on est sur mon lit et il me prend dans ses bras, il me dit "Pleure maman, mais pleure un bon coup, ça va te faire du bien". Bah, t'as pas fait une connerie alors ? Si, j'ai fait une connerie, j'aurais
dû lui en parler avant. Non, regarde. J'aurais dû pleurer, j'aurais dû… Tu vois, t'es encore dans la culpabilité.
Non, non, non. En fait, je pense que tu vois, là pareil, tu es heureuse au bon moment. Le deuil, il faut le faire, mais… Mais je pense que ça l'a soulagé, en fait, je me suis dit… Je suis personne pour dire ça, mais en tout cas… Non, mais tu vois, ça a dû lui
manquer. Oui, mais tu l'as fait, donc… Il y a des gens qui le font jamais, je sais de quoi je parle. Ouais. Non, c'est très bien de… C'est un bon âge, je trouve, huit ans. Et j'ai trouvé ça fantastique. Et j'ai trouvé ça fantastique de le voir réagir à ça en étant, avec un soulagement, quoi. C'est bien parce qu'il sait ce que c'est maintenant. Ça y est, elle y est arrivé.
Et puis il se rappellera surtout que tu as été un roc aussi pour eux, parce que c'est important. Peut-être. Donc voilà, tu seras la meilleure des mamans. Tu es la meilleure des mamans. Et on a tous envie quand on voit ce film – et si j'avais lu le livre, j'imagine encore plus – d'être ton ami, de te prendre dans les bras, de te dire que tu n'as rien raté et qu'aujourd'hui ce drame va sauver d'autres gens. Voilà. Moi c'est ce que j'ai envie de
penser. C'est le but absolu, voilà. Parce que sinon. Si on en sauve un, ça vaut le coup. Tu sais, c'est Elie Wiesel qui disait "Une expérience qui n'est pas transmise, on la trahit". Ouais, c'est vrai. Voilà. Ah, c'est joli. Je connaissais pas la
phrase. On est obligé d'en faire quelque chose parce que c'est notre mission. Après, il y a toujours des gens qui vont critiquer ça en disant "La meuf se sent habitée, elle croit qu'elle a une mission".
Peu importe. Je sais très bien qu'on peut pas plaire à tout le monde, c'est pas grave. Mais je pense que l'utilité de ce qui nous arrive, c'est le but de ce qui nous arrive. Oui. Alors, je sais qu'aujourd'hui tu vas peut-être sauver des vies, tu en sauves déjà en parlant aux gens, moi j'essaie de me dire que c'est ce que je fais aussi parce que j'accompagne moi aussi… C'est la même chose. …les gens. J'essaie. Et ça m'aide surtout, en fait. Je sais pas si t'as remarqué, quand on donne, on reçoit. Ça fait un bien fou. Et puis l'univers, t'as vu ce qui t'arrive ? On va le dire à tout le monde, elle a rencontré l'homme de sa vie.
Absolument. L'amour de ma vie. L'amour, de sa vie. T'imagine de dire ça ? C'est incroyable. Alors on va finir sur cette note merveilleuse, je te remercie Juliette d'être venue. C'est moi qui te remercie. Tu ne trahis pas l'expérience qui est arrivée à toi et je suis sûre que, qu'il est très fier là-haut. J'espère. Merci d'être venue. Merci à toi. Rendez-vous chaque semaine sur toutes vos plateformes de podcasts préférées. Et en attendant, on se parle sur les réseaux sociaux de Rose, de Double Monde Création et sur le compte Instagram contreaddictionspodcast.
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